Il faut naître fou ou roi pour faire ce que l'on veut

Depuis quelques temps mes relations avec mon entourage ont un peu changé. Ceux qui me prenaient déjà pour une originale me trouvent désormais totalement inconsciente : qu’on puisse souhaiter changer de pays, de métier, et par dessus tout passer en  même temps son brevet de pilote ULM leur semble à la limite de la déraison.

Ce qui est drôle, c’est  l’image d’insécurité que suscite dans l’esprit des gens ce type de  loisirs.


J’ai régulièrement droit à ce genre de réflexions : "mais qu’est ce qui t’a pris de faire cela ? …  faut pouvoir, moi j’irais pas… tu me paierais pour monter là dedans... faut pas avoir le vertige…. déjà dans les jeux de simulation je me crashe alors… et Patrick ça ne l’intéresse pas ?…"  on me fait aussi irrémédiablement suivre le moindre article de presse relatant un accident d’ulm.


Bizarrement on m’a jamais envoyé la revue de presse des collisions automobiles des chassés-croisés de cet été et pourtant j’utilise aussi ma voiture !!!


Heureusement, sinon ma messagerie serait saturée de bienveillantes mises en garde ;o)

Si à l’heure d’aujourd’hui je recense un  nombre croissants de sympathisants qui me disent qu’ils viendront me voir quand j’habiterai mon lodge au Costa Rica, je peux vous assurer que je compte sur les doigts d’une seule main les courageux qui m’ont dit qu’ils accepteraient d’être un jour l’un de mes passagers…. Bon, remarquez, ils ont encore le temps de se décider vu que je dois voler une centaine d’heures en solo avant…

 

Je leur pardonne, car ce que je savais déjà pour les voyages se confirme, on n’a peur de ce que l’on ne comprend pas. On rejette l’inconnu. Comme on pense une contrée inaccessible parce qu'on n'y a jamais mis les pieds, comme on rejette une culture qu’on ne comprend pas faute de s’y être simplement intéressé.


J’ai lu que la répartition des accidents n’est pas celle à laquelle on pourrait penser. On pourrait croire que les débutants sont plus exposés, et bien non !

Beaucoup de spécialistes ont perdu la vie en pratiquant l'ULM. Alors pourquoi ?
Défaillance technique ?

Ont-ils poussé leur machine trop loin ?

Ont-ils pris plus de risques ?

Ont-ils eu trop confiance en eux et en leur ULM ?

Peut-être un peu de tout cela, mais les chiffres le prouvent, les meilleurs ne sont pas à l'abri qu'on se le dise !  et nous ne vivons pas dans un cocon !

 

J’ai voyagé dans le monde entier dans des contextes très différents car je suis curieuse de découvertes. Dans la vie c’est justement cette partie d’inconnu qui m’attire et c’est l’indifférence, les contrats et les habitudes du quotidien qui m’effrayent et qui m’embuent. La passion mobilise mon esprit  mais le tient aussi en éveil ! Petite, on m'a toujours appris à goûter les choses avant de dire si j’aimais ou si je n’aimais pas.

 

Pour l’heure je goûte, que dis-je j’ingurgite !! comme tous les apprentis-pilotes des dizaines de pages de la réglementation, de procédures, de connaissances diverses. "Cent fois sur le métier remettez votre ouvrage...", autant de décollages, d’approches, de touchés, avec pour une fois aujourd’hui un petit vent traversier léger, tout gentil, juste fait exprès pour fignoler les tenues d’axe et me donner du bonheur, puis retour au parking. A ce stade de l’apprentissage, je sais que j’aime voler… ce n’est pas un coup  de folie mais un acte réfléchi à la portée de chacun pour peu que l’on se montre motivé d’y goûter.

 

Le Honneck Eté/Hiver - Photos de G. Delon


 

Mardi 5 août 2008
Durée du vol  :  30 mn


Cumul à Dogneville
11 h 15 mn

 

 

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